dimanche 12 décembre 2010

OLAFUR ELIASSON : installations lumineuses







The Weather project, est une installation géante investissant le Turbine Hall, à la Tate Modern (Londres, 2003-2004).


Artiste danois ayant passé son enfance en Islande, Olafur Eliasson propose des installations mettant en lumière les phénomènes naturels. Loin d'imposer une sensation de construction complexe cherchant à dominer l'espace, il instaure un dialogue physique entre l'installation et les spectateurs, acteurs à part entière.




Arrivé dans l'immense hall gris doublé encore par l'existence d'un plafond miroir sur toute sa surface, on hésite entre le temple du soleil, un vaisseau intergalactique, et un immense paquebot dans la brume. Une brume créée par une fumée légère, froide, donne une certaine irréalité à l'ensemble. Un grand soleil, quelquefois brisé en son cercle par les effets de juxtaposition des miroirs, dont on imagine la prochaine fin, et une lueur un peu glauque, accentuée par le gris métal ambiant nous écrasent de leur immensité.






J'ai pensé à l'univers d'Enki Bilal, et allongée au sol comme un grand nombre de passants, j'ai pris le temps de voyager dans ce lieu si vaste, où nous avions la sensation de marcher dans l'espace, la tête en bas… en apesanteur, dans un autre espace-temps.



Voyage sidéral, ou conscience d'un monde qui finit ?
La réponse appartient à chacun d'entre nous, rien n'est imposé, et c'est la beauté de ce voyage silencieux et opaque.
Edith Lassiat
Londres, décembre 2003













Your Concentric Welcome, 2004
Installation
3 disques de verre (verre optique jaune et verre optique magenta de 74,8 cm de diamètre et un disque-miroir de 70,5 cm de diamètre et de 6 mm d'épaisseur), câble en acier, moteur, lampe de projection, trépied
Dimensions variables : 400 x 400 cm minimum
Courtesy Galerie Neugerriemschneider, Berlin












Installation "cinétique" à Bergen




jeudi 9 décembre 2010

JAMES TURRELL : La lumière qui vit





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James Turrell, architecte de la lumière


Skyspace, 1998




Depuis la fin des années 60, les installations de James Turrell, appelées aussi « environnements perceptuels », sont réalisées à partir d’un seul matériau : la lumière, naturelle ou artificielle. Mis à part les dessins et les plans qui accompagnent ses œuvres de plus grande envergure, sa production ne comporte ainsi aucun objet en tant que tel.





Skyspace at Live Oak Friends Meeting House,
Houston, Texas
2000









Meeting,1988










Quelques oeuvres filmées



Ses interventions, ses installations « en chambre » ou à ciel ouvert, procèdent toutes d’une quête artistique qui déstabilise nos relations au réel.





Skyspaces / Roden crater
















En manipulant la lumière, James Turrell sollicite les sens, il se joue de la perception du spectateur, il la bouscule, la trompe… Entre ses mains la lumière prend une extraordinaire matérialité, création d’espaces fictifs… troublant puis fascinant…




Bridget's Bardo, 2009














The light inside, Houston ,Texas, 1999



Houston






Kunstmuseum de Wolfsburg, du 24.10.2009 au 05.04.2010.


Tirant pleinement parti de l’architecture du Kunstmuseum de Wolfsburg son installation est une exploration de l’espace et la lumière: immatérielle et matérielle à la fois. L’intemporalité et la fascination des oeuvres de James Turrell découle de son habileté incroyable à capter la lumière fugitive et en lui donnant la présence visuelle et tactile de la densité d’un corps physique.





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Quelques œuvres

lundi 29 novembre 2010

Autour du vitrail au XX° siècle : François MORELLET


François Morellet, L'esprit d'escalier

2010



Poursuivant son engagement vis-à-vis des artistes vivants via une politique de commandes pérennes, le musée du Louvre a confié à l’artiste François Morellet la création des vitraux de l’escalier Lefuel.


L'escalier Lefuel relie trois départements du Louvre: les sculptures, les peintures des Ecoles du Nord et les objets d'art.



Avec légèreté et élégance, François Morellet en a redessiné les baies et oculi, créant ainsi L’Esprit d’escalier. Il s’est « amusé à fragmenter et déstabiliser ces vitrages aux ferrailles un peu frustes, en les confrontant à leur propre image réalisée grâce à une technique ancienne et précieuse des maîtres verriers».



L’exercice était délicat, car il lui fallait respecter un certain nombre de contraintes liées au bâtiment - comme le format et les ferrures anciennes des vitrages - tout en veillant à ce qu'ils restent néanmoins visibles. La création de François Morellet repose sur la superposition du dessin inversé de la grille existante, associé à l’ancien découpage. Afin de rendre perceptible l’ancienne forme dans la nouvelle, François Morellet a différencié les verres, et les a assemblés de façon traditionnelle avec des plombs.



Si cette installation éclaire d'une lumière nouvelle la structure, le démontage des verres anciens de l'oculus central a permis de retrouver l'ancienne perspective traversant les salles des Objets d'art. L'artiste a souhaité la laisser libre, quitte à modifier le choix du verre, ne tenant pas "à faire un décor symétrique et identique sur tout l'escalier", mais préférant "s'adapter à chaque contexte et profiter du hasard".


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Commande du musée du Louvre réalisée en partenariat avec le Centre national des arts plastiques - ministère de la Culture et de la Communication, grâce au mécénat de GDF SUEZ, avec le soutien du Cercle des Jeunes Mécènes du Louvre.

http://www.louvre.fr/llv/exposition/detail_exposition.


dimanche 28 novembre 2010

Installation et in situ (suite)




INSTALLATION ET IN SITU (suite)



Ernest Pignon Ernest



2010 / Travail in situ au Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis


A partir du 15 octobre 2010, le Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis accueille une exposition d'Ernest Pignon-Ernest qui nous parle des femmes, du mysticisme et du corps..



Ernest Pignon-Ernest s'expose à Saint-Denis


En dialogue depuis presque 20 ans avec les grandes figures mystiques que sont Marie-Madeleine, Hildegarde de Bingen, Angèle de Foligno, Catherine de Sienne, Thérèse d’Avila, Marie de l’Incarnation, Madame Guyon, Ernest Pignon-Ernest a conçu une installation novatrice pour exprimer la matérialité et la sensualité de ces corps de femmes ayant aspiré à la désincarnation.





A partir de dessins, des scans et des tirages numériques pigmentaires ont été réalisés, puis marouflés sur des panneaux en aluminium mis en forme de feuilles, pour donner un ensemble exceptionnel des sept corps de femmes dont l’image se reflète dans un plan d’eau.


Le travail d’Ernest Pignon-Ernest, déjà présent dans les salles du musée consacrées à la Commune de Paris, rejoint ici non seulement la mystique du carmel et les figures célèbres de Marie Madeleine et de Madame Louise, mais aussi celle du poète Paul Eluard inspiré notamment par des vers de Thérèse d’Avila.




"Mon matériau essentiel c'est la réalité, j'essaie d'en assimiler à la fois les qualités plastiques (espace, couleur, matières, rythmes) et les qualités symboliques... nous avons la chance d'être devant une palette sans limites de matériaux plastiques et poétiques".





1995 / Travail in situ : Derrière la vitre




"Mon intervention de plasticien se passe en deux étapes (le dessin et le collage) qui se nourrissent l'une de l'autre... En travaillant mes collages, le choix des emplacements, je travaille le sens même de l'image, je multiplie ses potentialités suggestives : je veux dire que, collée à tel endroit ou à tel autre, la même image signifie une chose différente, provoque une émotion différente... Quand j'utilise des sérigraphies ce n'est pas pour préserver l'original. Ce n'est pas non plus pour multiplier un message comme on le fait pour des affiches. Le nombre ne compte pas, mes images dessinent parfois des parcours dans les villes, leur organisation, le cheminement qu'elles tracent, leur découverte successive font partie de mes interventions au même titre que le dessin lui-même."






"Les cabines téléphoniques... c'est à la fois un lieu isolé et ouvert sur les autres. Les gens
se tiennent derrière la vitre comme dans un musée."
























1988-1990 / Naples


"J'ai tendance à penser que Naples, les Napolitains, leur mode de vie,
leur organisation, leur philosophie,
constituent une espèce de conservatoire
vivant des valeurs de notre culture humaniste, la dernière tribu
d'irréductibles,
disait Pasolini, inflexible face au rouleau compresseur du système anglo-saxon,

médiatique et libéral. La mort, ses représentations et les rites qu'elle suscite
depuis le fond des temps
se rencontrent à chaque pas dans les rues...
Je suis allé là-bas pour interroger notre culture."





"J'utilise la force subjective de la ville, mes images font
apparaître des choses qui potentiellement sont déjà là."



















1983-1984 / Les Arborigènes
Jardin des plantes, Paris
Musée d'Antibes
Forêt d'Uzeste


"Ce sont des figures d'hommes et de femmes en leur nudité végétative.
Ces sculptures sont des
accumulations de cellules végétales mises en forme :
il leur faut du soleil, de l'eau, sinon elles meurent,
elles se dessèchent,
se décomposent. C'est du végétal à forme humaine".












En 1983, Pignon-Ernest a conçu le projet des " arborigènes ", sculptures biovégétales réalisées à partir de mousse polyuréthanne. Constituées de cellules végétales vivantes, elles représentent l'osmose mythique entre le végétal et l'humain, qu'incarne la figure de la Daphné du Bernin.




En quoi ces sculptures sont-elles vivantes ?

« Comme les plantes, commes les feuilles, ces sculptures sont des accumulations de cellules végétales mises en forme : il leur faut du soleil, il leur faut de l’eau, sinon elles meurent, elles se dessèchent se décomposent. Elles assimilent la lumière du soleil, la transforme en glucose, en vie ; elles fixent le gaz carbonique et produisent de l’oxygène, elles respirent la nuit. C’est du végétal à forme humaine, traversé par le phénomène de la photosynthèse. Nous les avons conservées plusieurs mois dans la serre du Centre d’Etudes nucléaires de Cadarache. Claude Gudin craignait que la production de chaleur lors de la fabrication ait fragilisé les cellules. Il les a donc en partie réensemencées par injections. Il estimait à environ un milliard le nombre de cellules dans chaque personnage. Il ne s’agit pas d’une « enveloppe » plastique remplie de cellules, ni même d’une éponge qui en serait imprégnée. Les cellules de micro-algues sont immobilisées au niveau moléculaire dans le polymère. Découvertes par le professeur Lewin de l’université de San Diego en Californie, elles ont pour nom Porphyridium cruentum et Chlamydomonas mexicana. Le laboratoire de biotechnologie solaire du C.E.N. de Cadarache les a « cultivées » et spécialement multipliées pour notre projet. »

Où et comment avez-vous intégré ces sculptures dans l’environnement ?

Une fois résolus les problèmes techniques posés par la réalisation de ces formes, il a fallu s’attaquer à celui de leur intégration dans la nature. La première installation s’est faite dans les Landes. Je les avais réparties sur environ trois cents mètres. On les découvrait en marchant, à travers un parcours proche de ce que je fais avec mes images dans les villes. La seconde fois, je les ai installées au Jardin des Plantes, à Paris. Si à propos de ces Arbrorigènes on a pu parler de recherche plastique sculpturale, celle-ci n’est évidemment pas dans la forme des personnages mais plutôt dans leur intégration à la nature. Il s’agissait de créer des rythmes, des vides, des pleins, de façon à ce que leur découverte et le décalage trouble qu’elles provoquent fassent de l’espace végétal un espace poétique et plastique.

Que sont devenus ces Arbrorigènes aujourd’hui ?

Plusieurs sont morts à Venise durant la Biennale de 1986. Je les avais installés à vingt mètres de haut. Ils n’ont pu être assez arrosés et se sont décomposés. Il en reste trois au musée Picasso d’Antibes sur la terrasse, une dizaine au Centre européen d’Action artistique contemporaine dans le parc de Pourtalès à Strasbourg, deux au Jardin des Plantes à Paris, quelques-uns en pension chez des amis...

Entretien extrait de Ernest Pignon-Ernest, éditions Herscher, Paris, 1990.








1979 / Les expulsions
Paris



"J'avais ressenti la douleur que l'on éprouve à être chassé des lieux de son histoire,
à perdre ses repères
les plus anciens... Mes parents, à Nice, avaient été expulsés de leur logement. Par ailleurs, durant cette période, de 1975 à 1980, il y a eu beaucoup de rénovations dans Paris, notamment dans le quartier Montparnasse que je traversais quotidiennement. Je trouvais saisissant, bouleversant, ces immeubles éventrés, cette mise à nu, cette projection aux yeux de tous des traces de l'intimité des gens. Cette exhibition me semblait d'une grande violence... Par ailleurs les traces des planchers, des cloisons peuvent apparaître aussi comme une organisation de couleurs, de matières, de lignes, on peut penser à des recherches plastiques chargées d'émotions et de souvenirs."




"Je trouvais saisissant, bouleversant, ces immeubles éventrés, cette mise à nu, cette projection aux yeux de tous des traces de l’intimité de la vie des gens. Je me souviens d’une chambre d’enfant, du papier bleu, des bateaux découpés et collés qui dessinaient l’emplacement d’un lit. Cette exhibition me semblait d’une grande violence, comparable à un viol..."




"...Par ailleurs, il est évident que ces espaces déterminés par les traces des planchers et des cloisons peuvent apparaître aussi comme une organisation de couleurs, de matières, de lignes : ces murs font irrésistiblement penser à des recherches plastiques, qui plus est chargés d’émotions et de souvenirs. Au fond, on aurait pu tout aussi bien les signer".







1978-1979 / Les Rimbaud
Paris
Charleville




"... J'ai beaucoup travaillé le dessin, l'attitude, la veste sur l'épaule, la fragilité du poignet, le choix des jeans qui lui donnent une allure contemporaine mais en même temps très proche de la silhouette que l'on connaît d'après les dessins de Verlaine"...






"La multiplicité des collages dans des lieux différents me permettait de ne pas figer l'image du poète."














"Pour ne pas le statufier j'ai fait un Rimbaud pluriel, éphémère et errant. Par la vulnérabilité du papier, sa disparition est inscrite dans l'image même, elle
en est un des éléments suggestifs et poétiques..."










1978-1979 / Grenoble
Travail en lien avec des entreprises locales
et une douzaine d'ouvriers.


"A cette époque, je m'interrogeais sur le rôle de l'artiste. Peu à peu s'est imposé un thème lié à la dégradation de l'organisme dans certains postes de travail, les agressions invisibles, lentes qui rongent l'organisme pendant des années, fumée, bruit, pollutions diverses..."



"... J'avais choisi de traiter une réalité qui n'est pas la mienne, faire une oeuvre qui exprime ce qui est implicite dans une société et que seuls l'art ou la poésie peuvent mettre à jour.
Pour saisir toutes les richesses de cette réalité, j'avais besoin de travailler avec ceux qui vivent ces problèmes au quotidien... J'ai dessiné un personnage qui servait d'image de base sur laquelle viennent se superposer à la sérigraphie-pochoir, déchirure, gravure, bombage...


"...ensuite nous avons collé ces images dans la zone industrielle, dans des lieux précis..."








1972 / La Commune
Paris



"La forme même d'une expo-commémoration était un non-sens, la négation de la Commune, une façon d'en piétiner le souvenir. J'ai alors pris l'idée au pied de la lettre et j'ai envisagé de tapisser de cadavres le sol ..."







"Il ne faut pas prendre la photo pour l'oeuvre ni pour une proposition plastique,
elle n'est qu'un reportage". "Mes images interrogent les mythes, elles tracent des parcours qui se croisent, se superposent, elles traitent de nos origines, de la femme, des rites de mort."





"Mes images puisent à la source des cités. Elles naissent de l'espace offert par le mur, elles s'expriment par le face à face avec celui qui les découvre, leur dégradation contribue à les inscrire dans la ville."




Site de l'artiste / Cliquer sur le lien suivant :

http://www.pignon-ernest.com/