Ernest Pignon Ernest
A partir de dessins, des scans et des tirages numériques pigmentaires ont été réalisés, puis marouflés sur des panneaux en aluminium mis en forme de feuilles, pour donner un ensemble exceptionnel des sept corps de femmes dont l’image se reflète dans un plan d’eau.
Le travail d’Ernest Pignon-Ernest, déjà présent dans les salles du musée consacrées à la Commune de Paris, rejoint ici non seulement la mystique du carmel et les figures célèbres de Marie Madeleine et de Madame Louise, mais aussi celle du poète Paul Eluard inspiré notamment par des vers de Thérèse d’Avila.
"Mon matériau essentiel c'est la réalité, j'essaie d'en assimiler à la fois les qualités plastiques (espace, couleur, matières, rythmes) et les qualités symboliques... nous avons la chance d'être devant une palette sans limites de matériaux plastiques et poétiques".
"Mon intervention de plasticien se passe en deux étapes (le dessin et le collage) qui se nourrissent l'une de l'autre... En travaillant mes collages, le choix des emplacements, je travaille le sens même de l'image, je multiplie ses potentialités suggestives : je veux dire que, collée à tel endroit ou à tel autre, la même image signifie une chose différente, provoque une émotion différente... Quand j'utilise des sérigraphies ce n'est pas pour préserver l'original. Ce n'est pas non plus pour multiplier un message comme on le fait pour des affiches. Le nombre ne compte pas, mes images dessinent parfois des parcours dans les villes, leur organisation, le cheminement qu'elles tracent, leur découverte successive font partie de mes interventions au même titre que le dessin lui-même."
"Les cabines téléphoniques... c'est à la fois un lieu isolé et ouvert sur les autres. Les gens
se tiennent derrière la vitre comme dans un musée."
leur organisation, leur philosophie, constituent une espèce de conservatoire
vivant des valeurs de notre culture humaniste, la dernière tribu d'irréductibles,
disait Pasolini, inflexible face au rouleau compresseur du système anglo-saxon,
médiatique et libéral. La mort, ses représentations et les rites qu'elle suscite
depuis le fond des temps se rencontrent à chaque pas dans les rues...
Je suis allé là-bas pour interroger notre culture."
apparaître des choses qui potentiellement sont déjà là."
Jardin des plantes, Paris
Musée d'Antibes
Forêt d'Uzeste
Ces sculptures sont des accumulations de cellules végétales mises en forme :
il leur faut du soleil, de l'eau, sinon elles meurent, elles se dessèchent,
se décomposent. C'est du végétal à forme humaine".
En 1983, Pignon-Ernest a conçu le projet des " arborigènes ", sculptures biovégétales réalisées à partir de mousse polyuréthanne. Constituées de cellules végétales vivantes, elles représentent l'osmose mythique entre le végétal et l'humain, qu'incarne la figure de la Daphné du Bernin.
En quoi ces sculptures sont-elles vivantes ?
Où et comment avez-vous intégré ces sculptures dans l’environnement ?
Une fois résolus les problèmes techniques posés par la réalisation de ces formes, il a fallu s’attaquer à celui de leur intégration dans la nature. La première installation s’est faite dans les Landes. Je les avais réparties sur environ trois cents mètres. On les découvrait en marchant, à travers un parcours proche de ce que je fais avec mes images dans les villes. La seconde fois, je les ai installées au Jardin des Plantes, à Paris. Si à propos de ces Arbrorigènes on a pu parler de recherche plastique sculpturale, celle-ci n’est évidemment pas dans la forme des personnages mais plutôt dans leur intégration à la nature. Il s’agissait de créer des rythmes, des vides, des pleins, de façon à ce que leur découverte et le décalage trouble qu’elles provoquent fassent de l’espace végétal un espace poétique et plastique.Que sont devenus ces Arbrorigènes aujourd’hui ?
Plusieurs sont morts à Venise durant la Biennale de 1986. Je les avais installés à vingt mètres de haut. Ils n’ont pu être assez arrosés et se sont décomposés. Il en reste trois au musée Picasso d’Antibes sur la terrasse, une dizaine au Centre européen d’Action artistique contemporaine dans le parc de Pourtalès à Strasbourg, deux au Jardin des Plantes à Paris, quelques-uns en pension chez des amis...
Entretien extrait de Ernest Pignon-Ernest, éditions Herscher, Paris, 1990.
Paris
à perdre ses repères les plus anciens... Mes parents, à Nice, avaient été expulsés de leur logement. Par ailleurs, durant cette période, de 1975 à 1980, il y a eu beaucoup de rénovations dans Paris, notamment dans le quartier Montparnasse que je traversais quotidiennement. Je trouvais saisissant, bouleversant, ces immeubles éventrés, cette mise à nu, cette projection aux yeux de tous des traces de l'intimité des gens. Cette exhibition me semblait d'une grande violence... Par ailleurs les traces des planchers, des cloisons peuvent apparaître aussi comme une organisation de couleurs, de matières, de lignes, on peut penser à des recherches plastiques chargées d'émotions et de souvenirs."
"Je trouvais saisissant, bouleversant, ces immeubles éventrés, cette mise à nu, cette projection aux yeux de tous des traces de l’intimité de la vie des gens. Je me souviens d’une chambre d’enfant, du papier bleu, des bateaux découpés et collés qui dessinaient l’emplacement d’un lit. Cette exhibition me semblait d’une grande violence, comparable à un viol..."
"...Par ailleurs, il est évident que ces espaces déterminés par les traces des planchers et des cloisons peuvent apparaître aussi comme une organisation de couleurs, de matières, de lignes : ces murs font irrésistiblement penser à des recherches plastiques, qui plus est chargés d’émotions et de souvenirs. Au fond, on aurait pu tout aussi bien les signer".
Paris
Charleville
"... J'ai beaucoup travaillé le dessin, l'attitude, la veste sur l'épaule, la fragilité du poignet, le choix des jeans qui lui donnent une allure contemporaine mais en même temps très proche de la silhouette que l'on connaît d'après les dessins de Verlaine"...
"La multiplicité des collages dans des lieux différents me permettait de ne pas figer l'image du poète."
"Pour ne pas le statufier j'ai fait un Rimbaud pluriel, éphémère et errant. Par la vulnérabilité du papier, sa disparition est inscrite dans l'image même, elle
en est un des éléments suggestifs et poétiques..."
et une douzaine d'ouvriers.
"... J'avais choisi de traiter une réalité qui n'est pas la mienne, faire une oeuvre qui exprime ce qui est implicite dans une société et que seuls l'art ou la poésie peuvent mettre à jour. Pour saisir toutes les richesses de cette réalité, j'avais besoin de travailler avec ceux qui vivent ces problèmes au quotidien... J'ai dessiné un personnage qui servait d'image de base sur laquelle viennent se superposer à la sérigraphie-pochoir, déchirure, gravure, bombage...
"...ensuite nous avons collé ces images dans la zone industrielle, dans des lieux précis..."
Paris
"La forme même d'une expo-commémoration était un non-sens, la négation de la Commune, une façon d'en piétiner le souvenir. J'ai alors pris l'idée au pied de la lettre et j'ai envisagé de tapisser de cadavres le sol ..."
"Il ne faut pas prendre la photo pour l'oeuvre ni pour une proposition plastique,
elle n'est qu'un reportage". "Mes images interrogent les mythes, elles tracent des parcours qui se croisent, se superposent, elles traitent de nos origines, de la femme, des rites de mort."
"Mes images puisent à la source des cités. Elles naissent de l'espace offert par le mur, elles s'expriment par le face à face avec celui qui les découvre, leur dégradation contribue à les inscrire dans la ville."
Site de l'artiste / Cliquer sur le lien suivant :
whouaouh ! bluffée
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